Déterminer où la magnétosphère est ouverte ou fermée est une question persistante en physique spatiale, qui continue d'intéresser la recherche actuelle. Dans le contexte de la magnétopause, la question clé se pose : cette limite est-elle parfois une discontinuité tangentielle ou non ? La théorie des discontinuités, dans sa plus simple approximation, c'est à dire lorsque les effets du rayon de Larmor fini sont ignorés, impose que les caractéristiques de compression et de rotation s'excluent mutuellement, sauf dans ce cas particulier de "discontinuité tangentielle".
Les observations à la magnétopause de la Terre révèlent en fait des propriétés mixtes de compression et de rotation. Cela signifie-t-il que cette frontière est toujours "tangentielle", c'est-à-dire complètement imperméable, avec des composantes normales du champ magnétique et de la vitesse du plasma strictement nulles ? Ou bien que les seules exceptions sont localisées en de petites régions où les effets 2D sont importants et où cette théorie ne s'applique donc pas (reconnexion)?
Dans cette étude, nous abordons l'inadéquation des théories classiques des discontinuités pour expliquer les caractéristiques observées de la magnétopause, en raison de sa faible épaisseur. Nous introduisons le concept de discontinuités "quasi-tangentielles", dans lesquelles les propriétés de compression et de rotation coexistent, sans que les flux normaux soient strictement nuls. Cette transition ressemble au passage d'une onde d'Alfvén à une onde d'Alfvén cinétique dans le contexte des modes linéaires.
Nous présentons ensuite des données de franchissement de la magnétopause terrestre en utilisant la mission Magnetospheric Multiscale (MMS). Grâce à cette analyse, nous démontrons que les effets de rayon de Larmor fini, et les tenseur de pression non-gyrotropes qui en découlent, jouent effectivement un rôle important dans l'équilibre de la magnétopause.